Comme promis voici le récit de plongée du lauréat de notre concours spécial Rodrigues.
C’est au détour d’un voyage en Californie sur la route qui m’emmenait de Santa Barbara à San Francisco que je décidai de mener ma superbe Ford Escort de location sur le chemin mythique de Monterey.
Pourquoi Monterey ? Il semblait qu’il y avait un port typique (wharf) et des sites d’observation de baleines (whale watching), deux ingrédients qui valaient à mes yeux le détour.
Aussi, l’apparition de ce petit port type victorien me réconforta dans mon choix : Monterey vaut le détour ! Cette ville garde un charme indéniable loin des buildings de Los Angeles et des cages à lapins décevantes de Santa Barbara.
La ville est propre et le port ressemble à un petit port irlandais. Je décidai d’observer un premier panoramique de la digue ouest, face au gigantesque océan Pacifique.
Je m’arrêtai donc non loin de la digue, et l’étonnante ceinture de sécurité automatique de ma belle américaine me déficela aussitôt de mon siège. Décidément, les américains et leurs gadgets m’étonneront toujours.
Arrivé au bout, je fus surpris de constater que ce qui était à mes yeux de vulgaires bouées de mouillage avait quelque chose de vivant. En effet, une colonie d’une trentaine de phoques jouait non loin de la digue au beau milieu d’une forêt de kelps, ces algues typiques de la région.
En observant d’avantage les alentours, je remarquai que certains individus se prélassaient même sur des barques de pêche à l’entrée du port. Le soleil de cette matinée de décembre était chaud et le Pacifique portait effectivement bien son nom. Pas un nageur, pas un plongeur à l’horizon, la présence de la colonie laissant manifestement la population locale, blasée de leur présence, indifférente.
Mon excitation était largement montée d’un cran et dès lors, une seule idée m’obsédait : plonger avec les palmipèdes !
Afin de trouver un équipement et de me renseigner sur les autorisations nécessaires, je me mis aussitôt en quête d’un club, magasin ou autre association de plongée.
Il apparut évident au bout d’une heure de recherche, que manifestement, les américains de Monterey préféraient pêcher, cultiver leur jardin, faire du jogging ou astiquer leurs bagnoles. Mais la plongée restait à leur sens un domaine que seuls certains extra-terrestres étaient capables d’apprécier.
Certains diront entêté, d’autres buté, ma pugnacité reconnue par tous mes proches n’allait pas me lâcher ce jour-là. A force de me faire balader par les uns et les autres, je trouvai enfin un garage sur lequel un panneau en bois indiquait « Scubadiving », accompagné de célèbres autocollants subaquatiques harmonieusement dispersés sur la jolie paroi rouillée en tôle ondulée de ce que j’avais toujours du mal à appeler un club de plongée.
Le doux bruit d’un compresseur me rendit espoir et j’entrai donc d’un air décidé dans la cabane.
Il y a des jours comme ça, où l’excitation, la volonté font que vous êtes prêt à tout, mais certainement pas à gâcher cette chance de plongée exceptionnelle. S’il fallait pour cela se bricoler des palmes avec des raquettes de ping-pong, un masque avec deux pots de yaourt et un tuba avec un tuyau d’arrosage, je crois que j’étais prêt à le faire.
Ma détermination surpris mon interlocuteur. L’homme jeune respirait la tranquillité.